J'avais écrit quelques semaines plus tôt au sujet de La Caravane d'Ahnkilie, qui a une histoire assez dense. Eh oui, mon premier éditeur m'a escroquée. Mais, commençons depuis le début, voulez-vous ?
Initialement, j'ai écrit La Caravane d'Ahnkilie en 2007. C'était l'époque où je pouvais enchaîner l'écriture de plusieurs romans en une année. J'avais alors une meilleure santé... Octobre 2007 est arrivé, je devais passer mon BAFA et m'absenter pendant 2 semaines. De retour chez moi, la suite du tome 2 est tombée à l'eau. Je n'étais plus du tout dans le mood. Mais le tome 1 était achevé. J'ai écrit bien d'autres histoires par la suite. La publication n'était toutefois toujours pas ma priorité. J'avais déjà frôlé de près la possibilité de me faire publier dans une ME à mes 13 ans avec mon roman "L’Élue des 8 Immortels" qui reprend le folklore chinois, sauf que je n'étais pas prête. En fait, je crois que je ne réalisais pas la rareté de ma situation à l'époque. En tout cas, le milieu de l'édition a beaucoup changé au fil des ans. Quand je me suis sentie prête en 2009, je me suis confrontée à des ME prestigieuses qui ne lisaient pas les manuscrits en réalité. Assez dépitée, j'ai remis à plus tard l'idée d'être publiée.
En 2013, un ami m'a informée qu'un de ses contacts ouvrait sa propre maison d'édition et cherchait de jeunes auteurs. La ME se nommait Ageektion, dirigée par Mr Cédric Cassam. Il m'a dit que mon roman était très bon et a proposé de l'éditer, à frais d'auteur. Autrement dit, que je paye la couverture et tous les frais inhérents à la publication du livre. J'étais naïve et puis bon, c'était l'ami de mon ami, alors pourquoi me méfier ?
J'ai versé plus de 1000 euros pour publier La Caravane d'Ahnkilie. À la base, j'avais récolté 950 euros à l'issue de ma campagne My Major Company (860 euros une fois leur pourcentage prélevé) pour Dernière Danse.
Mathieu Coudray a failli réaliser la couverture La Caravane d'Ahnkilie. La nouvelle mappemonde a été abandonnée. Ageektion songeait à lancer une campagne de financement participatif pour Ahnkilie, sauf que je venais d'en clôturer une sur My Major Company.
J'ai travaillé gratuitement sur les histoires annexes du Dernier Bastion, le JDR de Mr Cassam, qui n'ont finalement pas vu le jour. Pour la publication de Dernière Danse m'ont été demandés 50 euros pour la couverture, réalisée par Malaki (Guillaume Prevel). Puis 417,98 euros pour la publication des 100 exemplaires de Dernière Danse.
Mr Cassam est revenu vers moi en me précisant qu'il fallait que je paye davantage pour un service de correction. J'ai refusé, notre contrat stipulait bien que les frais de correction étaient compris dans le forfait.
Les noms de villes cités dans Ahnkilie sont tirés du JDR des Terres Balafrées dont je me suis inspirée pour créer mon propre univers... Juste les noms de villes, je précise... Je ne connais pas ce JDR, je ne l'ai jamais lu, ses régions m'ont simplement transportée.
Mr Cédric Cassam-Chenaï a prétendu avoir lu le début de mon histoire sur un forum en 2008 (j'ai écrit mon histoire à la main en 2007 et je l'ai numérisée en 2012). Puis, il a finalement admis ne pas avoir lu le livre ; mais Cyrielle, la directrice artistique (j'adorais cette fille), oui. Cyrielle a vraiment aimé mon roman.
Les semaines ont filé sans que rien n'avance. Retard de livraison par bateau. La maquettiste n'a pas mis les tirets dans le roman, elle a complètement bâclé le travail.
Concernant l'illustration, je souhaitais en discuter avec l'illustrateur lui-même, à savoir Rudy Crus. Mr Cassam a préféré servir d'entremetteur pour ce projet. De fait... Eh bien, l'illustration est certes superbe, mais Eleanor a les cheveux courts alors qu'elle les porte très longs. Ici, une épée repose à sa ceinture alors qu'elle manie le fouet, c'est une dompteuse. Nofelna est équipée de jambières en métal alors que c'est une elfe archère qui mise tout sur la vitesse. Et Evelia a les cheveux bouclés, mais c'est surtout son air aguicheur qui ne lui sied guère, surtout en robe de soirée ; rappelons que c'est une simple soubrette extrêmement réservée... Quant à Ignus, eh bien c'est un peu le personnage principal. Eh oui, j'ai écrit cette histoire en 2007, il n'existait pas alors. Puis, en 2012, je l'ai retravaillé en rôlant. Farrel a créé le personnage d'Ignus. Initialement, c'était juste pour le fun, lui faire vivre une enquête très sympathique. Sauf que notre partie a duré plusieurs mois et son personnage est devenu vraiment crucial dans l'histoire. Alors en 2012, je l'ai implanté, modifiant le scénario principal par la même occasion. Parfois, je glisse les personnages de ceux que j'aime dans mes œuvres. Une marque que je laisse dans le temps.
Les couleurs de l'illustration ne correspondent pas, fondues dans un camaïeu mauve. On ne discerne pas les cheveux roux de Sagramor, ni toutes les autres nuances spécifiques aux héros.
Cette version d'Ignus m'attriste assez. Oui il est bien dessiné, mais c'est Kadan qui porte des peaux de loup, pas lui... Il y a eu d'énormes problèmes de communication qui ne seraient pas à déplorer si j'avais pu travailler directement avec Rudy Crus. L'artiste n'est absolument pas à blâmer, ayant suivi les consignes de Mr Cassam. Rudy a un réel talent, j'aurais vraiment aimé que l'on puisse collaborer ensemble sur mon univers.
Enfin, tout cela pour dire que Mr Cassam ne m'a pas permis d'obtenir le rendu souhaité pour l'illustration principale ; qui est l'élément essentiel d'un livre, celui qui lui donne une identité et va permettre de rassembler son lectorat au premier coup d’œil.
J'ai créé une petite créature dans Ahnkilie que j'ai nommée Popu. Jahyra s'était déjà chargée du dessin du Collier de Shelzar : une lune et un soleil enlacés. Eh bien, Mr Cassam a demandé à rajouter des pattes, car sa description faisait trop penser à Kirby, puisque c'est une boule rose... Donc Jahyra a dessiné une créature poilue avec des serres. Mon Popu est une simple boule rose sans pieds ni mains, aux yeux jaunes, avec un minuscule bec. Elle a le regard vide car son intelligence est... limitée.
Revenons à cette époque. Dernière Danse est sortie en édition limitée à 100 exemplaires, une parution discrète, non officielle. La Caravane d'Ahnkilie, quant à elle, a été publiée en Septembre 2014. Lien FNAC, présence sur plusieurs sites... Et là, c'est le drame ! Il y a une faute dans le titre ! Mr Cassam a publié mon roman en le titrant La Caravane d'Anhkilie ! Nh et non hn ! Et il m'a reproché ensuite de ne pas l'avoir remarqué plus tôt sur la maquette ! C'est un ami qui l'a constaté ultérieurement, une fois son exemplaire en mains...
La mise en page est ratée avec des tirets de trois kilomètres, les marges ne sont pas respectées. Le roman est statué à 455 pages, mais c'est sans compter la couverture, le sommaire et la page de fin. Enfin, ce n'est qu'un détail ; seulement, on compte toutes les pages dans un livre. Y compris les pages blanches usuelles qui servent aux dédicaces. La règle exige de commencer un chapitre à droite, la page de gauche est parfois blanche en conséquence. Tout le monde ne s'y conforme pas forcément, bien sûr.
Fin de l'été 2014. Mortifiée, j'ai dû accepter l'idée que mon livre soit enfin publié... mais avec des fautes, y compris dans le titre. À cette époque, je n'avais pas mon niveau de correctrice pro. Et surtout, je me suis beaucoup relâchée puisqu'Ageektion devait corriger mon manuscrit avant publication...
Les mois ont filé. Mr Cassam organisait des salons et vendait mes exemplaires. Je ne participais pas et cela m'affligeait... La relation devenait tendue avec mon éditeur. Les semaines filaient, Mr Cassam continuait de vendre mes livres, mais ne me payait pas. 0 centime sur mes ventes. Au terme de longs mois de forfaiture, nous avons signé une rupture conventionnelle de contrat. Il m'a envoyé la fin de stock (environ 200 livres sur les 1000 vendus) mais ne m'a aucunement versé mon dû. J'étais fatiguée, surtout moralement. Mr Cassam a escroqué d'autres personnes. Il a organisé un GN payant qu'il n'a pas honoré et n'a pas remboursé les participants. Cette histoire a fini en justice. Il a fermé sa société.
Et moi dans tout ça ? J'ai très mal vécu cette publication, qui représentait tellement dans ma carrière... Une consécration, réussir en tant qu'auteure... Maintenant, nous sommes en 2024, j'ai 21 ans de métier. Je me suis nettement améliorée au fil du temps.
Je voyais Cédric et Cyrielle comme des amis. Et parce que tout s'est écroulé sur le plan professionnel, j'ai perdu cette amie, Cyrielle, par ricochet. Alors que l'on s'entendait vraiment bien...
Si je conserve ce goût amer en songeant à La Caravane d'Ahnkilie, je dois garder à l'esprit tout l'amour, toute la passion que j'ai insufflé dans ces pages. Je dois me sentir fière et ne pas me laisser submerger par le négatif. Il demeure un très bel univers, une ode au voyage que Laetitia adorait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire