Titisee-Neustadt, im Schwarzwald, la Forêt Noire... Voici mes racines. Ma grand-mère avait une jumelle ainsi que 3 autres sœurs. Une grande famille dotée d'une forte personnalité. Mais, comme vous le savez, ce n'était pas une période heureuse... Les Guerres Mondiales ont frappé. Et, comme je viens de le stipuler, ces gens avaient une forte personnalité. Surtout ma grand-mère, Hildegard. Elle s'est opposée aux nazis, a fini dans des camps de travaux forcés avec pas mal de membres de la famille. C'était une femme de
caractère qui s'est enfuie plusieurs fois en s'engouffrant dans la forêt. Les officiers ont mis plusieurs jours pour la débusquer. À la 3ème ou 4ème évasion, elle leur a craché dessus à son retour, ce qui lui a valu une sacrée beigne. Ils ne l'ont pas tuée, peut-être parce qu'elle était très jeune.
Clara a préféré se suicider après un de ses spectacles de cabaret quand elle a appris que les nazis allaient débarquer. Ma famille était du genre rebelle...
Lorsque la 2ème Guerre Mondiale a pris fin, Hildegard aspirait à une vie plus douce. Elle a vu les
palmiers cannois dans une brochure de voyages. Et là, ce fut le coup de foudre.
Alors elle est partie seule, laissant Edwige, sa jumelle, derrière elle.
Mais hélas, l'après-guerre ne voulait pas d'une sale boche sous son
soleil. Hildegard a essuyé tant de mépris, de répulsion, de brimades... Malgré sa solitude et sa détresse, elle est néanmoins restée. Elle aimait Cannes, son soleil, sa cuisine, la mer... Tandis que les Français lui témoignaient leurs avanies, Hildegard a persévéré. Puisqu'elle endurait des moments particulièrement durs et que, de toute façon, une étiquette la suivait partout, elle a décidé de vivre intensément. Alors oui, elle a trinqué du champagne, nue avec son amant au bord de la mer, sous la lune et son cortège d'étoiles.
Oui, elle était comme ça, aventureuse, vivante. Jamais elle n'a renié
ses racines, jamais personne ne l'a pliée à sa volonté. Et même si la
vie lui a infligé énormément de chagrin, de douleur, d'injustice ; elle
est restée Allemande jusqu'à son dernier souffle.
Ma mère, ma sœur, puis moi ; nous avons subi les mêmes brimades. Qualifiées de sales boches, même si le temps avait coulé. Et pour cette raison, j'ai vécu des moments très douloureux... Mais, même si je me suis fait cracher dessus, caillassée, insultée et salement amochée ; je ne renie pas mon sang pour autant. Ce n'est pas un pays qui définit l'âme d'une personne.
Quand je suis partie en vacances à Titisee-Neustadt, je suis tombée en amour. Son calme, sa verdure, son respect envers les autres... J'étais sidérée. Des gens qui roulent excessivement vite mais qui s'arrêtent pour laisser passer les piétons. De la chaleur humaine, de la convivialité... Et en me rendant dans cette vieille demeure où ma grand-mère a vécu avec les siens, une connexion s'est créée, je crois bien...
Plus tard, j'ai séjourné dans la Vögelhaus. Les événements troublants qui ont marqué mes vacances m'ont inspirée la novella éponyme.
Une partie de moi vit là-bas. C'est un sentiment de nostalgie, de mélancolie, un vieux parfum suranné qui imprègne mon désir de voyage. L'envie d'y retourner et de découvrir le monde. Me forger des souvenirs, en laissant mon sang palpiter au gré de mes passions.
La haine de l'autre change de visages selon les tyrannies en place. Le nazisme a vu fleurir des vocations humaines et des résistances autant que l'expression des bêtises crasses et des jalousies jusqu'alors enfouies chez les opportunistes avides de pouvoir. Il faut attendre la mort de tous nos chers ancêtres qui ont lutté pour que reviennent les fachismes, maintenant que les témoins ne sont plus que dans les livres, les oeuvres, tombent aux mains de ceux qui révisent l'histoire pour la réécrire. Si Napoléon a fait beaucoup de mal lors de ses conquêtes, il faut retenir deux points positifs: -L'aspect multiracial et multiculturel de sa grande armée -L'émancipation des juifs qui jusqu'alors étaient regroupés en Schtetels, petits villages, communautés, et interdits de propriété, d'études dans les universités, d'exercer au même titre que les autres, donc interdits de citoyenneté et d'égalité. A partir de la fin du XIXème siècle, beaucoup de personnes d'origine juive s'émancipent et se sentent allemands avant tout, commencent à prospérer et à penser un avenir meilleur après des siècles d'oppression. Avec Marx aussi, s'installe l'idée d'une Internationale des peuples contre les dirigeants et le capital. Une internationale qui sera brisée par l'attentat contre François Ferdinand et le début de la première guerre mondiale qui laissera exangüe l'Allemagne et fragile l'éphémère république de Weimar. Côté français, la guerre franco-prussienne a divisé la population et les opinions surtout dans l'est, où certains se sentaient plutôt allemands, et d'autres français séparés par des frontières absurdes. A Paris, Rigolboche fait un tabac, l'humoriste met en avant le côté rigolo de ces allemands venus en campagne, leur côté fanfare - kermesse circassien un peu absurde, teinté d'autodérision et d'un romantisme chaleureux. Mais voilà, les dirigeants en décident toujours autrement, sans Napoléon III, les manuels scolaires n'auraient peut être pas présenté Clovis et Charlemagne comme français par opposition à la germanie. Si la France est le pays des révolutions, l'Allemagne, discrète, aura été le pays des intellectuels et des émancipations. Langsam, Mühsam, s'est faite la Haskala, presque en secret les Lumières se sont diffusées, profondément, chez ce peuple pluriel, consciencieux et travailleur afin de vivre sa liberté et son romantisme, jusqu'au bout, en plus beau, en plus... Boche.
RépondreSupprimerLa haine de l'autre change de visages selon les tyrannies en place.
Le nazisme a vu fleurir des vocations humaines et des résistances autant que l'expression des bêtises crasses et des jalousies jusqu'alors enfouies chez les opportunistes avides de pouvoir.
Il faut attendre la mort de tous nos chers ancêtres qui ont lutté pour que reviennent les fachismes, maintenant que les témoins ne sont plus que dans les livres, les oeuvres, tombent aux mains de ceux qui révisent l'histoire pour la réécrire.
Si Napoléon a fait beaucoup de mal lors de ses conquêtes, il faut retenir deux points positifs:
-L'aspect multiracial et multiculturel de sa grande armée
-L'émancipation des juifs qui jusqu'alors étaient regroupés en Schtetels, petits villages, communautés, et interdits de propriété, d'études dans les universités, d'exercer au même titre que les autres, donc interdits de citoyenneté et d'égalité.
A partir de la fin du XIXème siècle, beaucoup de personnes d'origine juive s'émancipent et se sentent allemands avant tout, commencent à prospérer et à penser un avenir meilleur après des siècles d'oppression.
Avec Marx aussi, s'installe l'idée d'une Internationale des peuples contre les dirigeants et le capital.
Une internationale qui sera brisée par l'attentat contre François Ferdinand et le début de la première guerre mondiale qui laissera exangüe l'Allemagne et fragile l'éphémère république de Weimar.
Côté français, la guerre franco-prussienne a divisé la population et les opinions surtout dans l'est, où certains se sentaient plutôt allemands, et d'autres français séparés par des frontières absurdes.
A Paris, Rigolboche fait un tabac, l'humoriste met en avant le côté rigolo de ces allemands venus en campagne, leur côté fanfare - kermesse circassien un peu absurde, teinté d'autodérision et d'un romantisme chaleureux.
Mais voilà, les dirigeants en décident toujours autrement, sans Napoléon III, les manuels scolaires n'auraient peut être pas présenté Clovis et Charlemagne comme français par opposition à la germanie.
Si la France est le pays des révolutions, l'Allemagne, discrète, aura été le pays des intellectuels et des émancipations.
Langsam, Mühsam, s'est faite la Haskala, presque en secret les Lumières se sont diffusées, profondément, chez ce peuple pluriel, consciencieux et travailleur afin de vivre sa liberté et son romantisme, jusqu'au bout, en plus beau, en plus... Boche.
Effectivement. Je sais peu de choses concernant la Haskala.
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